Le deuxième mois de l'année du mouton Extrait du Li ki, chapitre Yue-ling :
1. Au deuxième mois du printemps, le soleil est dans la constellation K’ouéi (Andromède et les Poissons). La constellation Hôu (le Grand Chien et le Navire Argo) atteint le milieu de sa course le soir, et la constellation Kién (la Tête du Sagittaire) le matin. 2. Les dénominations qui conviennent le mieux aux jours de ce mois sont celles dans lesquelles entre la lettre kiă ou la lettre ĭ. Le souverain qui préside aux opérations de la nature est T’ai hao ; le génie tutélaire est Keou mang. Les animaux propres à ce mois sont ceux qui sont couverts d’écailles. Le son correspondant est kiŏ et le tube musical kiă tchōung.
3. A ce mois correspondent le nombre huit, la saveur acide, l’odeur rance. On sacrifie aux génies tutélaires des portes intérieures de la maison ; on offre en premier lieu la rate des victimes.
 
4. La pluie commence à tomber, le pêcher commence à fleurir, le loriot chante, l’épervier se transforme en pigeon ramier. - Lire la suite
La Chine aux antipodes
 
La Chine est pour nous le pays du contraste : dans tout ordre d'idées, elle est à nos antipodes.
 
Ainsi le nom propre ou patronymique précède le petit nom : celui-ci n'est donc pas un breitling replica prénom, mais un postnom, si l'on peut dire ce mot.
 
Le blanc est la couleur du deuil.
 
Toutes les boissons chinoises, thé, vin de riz ou de sorgho distillé, liqueurs, etc., sont servies chaudes ; le Chinois boit toujours chaud, ce qui le désaltère et le rafraîchit mieux que s'il préparait une boisson glacée.
 
Le livre commence là où finissent les nôtres : le chinois, en effet, s'écrit de droite à gauche et de haut en bas, en colonnes verticales, et non de gauche à droite en lignes horizontales. Le titre de l'ouvrage, au lieu de paraître au haut de la page, est imprimé en bas, à cheval sur le double feuillet qui forme une page chinoise ; la pagination ne s'indique pas en tête de page, mais en bas, sous le titre courant. Les notes ne sont pas au pied des pages ; elles se trouvent au contraire au sommet.
 
En classe, lorsqu'un écolier récite sa leçon, il ne fait pas face au professeur, il lui tourne le dos : aussi le verbe réciter, pèï, signifie-t-il, originairement, tourner le dos à quelqu'un.
 
La mère n'embrasse pas son enfant — le baiser de la mère, chanté par nos poètes, est chose inconnue, — elle porte l'enfant à son nez comme si elle voulait respirer le parfum délicat d'une fleur à peine éclose.
 
Le type de la beauté féminine diffère également du nôtre : pour les Chinois, une belle femme, disent leurs poètes, doit avoir un visage rond, ayant la forme d'une graine de pastèque, et un nez bien écrasé, tandis que nous préférons une figure ovale et un nez aquilin.
 
En Chine, ôter son chapeau devant quelqu'un est une marque d'impolitesse : si vous venez faire visite à un Chinois et que celui-ci n'ait pas son chapeau, son premier soin est de le mettre en toute hâte pour venir vous recevoir.
 
Les chaufferettes ne sont pas employées pour tenir chauds les pieds, mais pour se réchauffer les mains.
 
On n'y joue pas au volant avec la main, mais avec le pied qui sert de raquette.
 
Nous aimons avoir des ongles courts : les Chinois les préfèrent longs. Il y a des lettrés qui ont des ongles de dix centimètres de longueur : ils les laissent ainsi pousser par coquetterie, pour montrer qu'ils ne se livrent à aucun travail manuel. Pour empêcher qu'ils ne se cassent, on les protège au moyen d'étuis en argent finement ciselés.
 
Nous portons des bagues au 3e, au 4e ou au 5e doigt : les Chinois ne mettent de bagues qu'au pouce de la main droite. C'est une affaire de mode.
 
Le dîner chinois commence par les fruits confits et les graines de pastèque et termine par le poisson et le potage, à l'inverse de ce qui a lieu chez nous.
 
L'aiguille aimantée de la boussole, — instrument que les Chinois ont inventé, — indique le Sud et non le Nord. — Je ne cite encore qu'un petit nombre de choses usuelles et le parallèle pourrait être poussé plus loin...
 
Extrait de : Camille Imbault-Huart,
Le journal et le journalisme en Chine, 1892.
Le thé
Mettre sur un feu modéré un vase à trois pieds dont la couleur et la forme indiquent de longs services, le remplir d'une eau limpide de neige fondue, faire chauffer cette eau jusqu'au degré qui suffit pour blanchir le poisson et rougir le crabe, la verser aussitôt dans une tasse faite de terre de yué, sur les feuilles d'un thé choisi, l'y laisser en repos jusqu'à ce que les vapeurs, qui s'élèvent d'abord en abondance et forment des nuages épais, viennent à s'affaiblir peu à peu et ne sont plus que de légers brouillards sur la superficie ; humer alors sans précipitation cette liqueur délicieuse, c'est travailler à écarter les cinq sujets d'inquiétude qui viennent ordinairement nous assaillir. On peut goûter, on peut sentir ; mais on ne saurait exprimer cette douce tranquillité dont on est redevable à une boisson ainsi préparée.
Kien-long. Trad. J. Gautier.
Granet :
La civilisation chinoise
 
Pour aborder l'histoire de la société..., il convient de se débarrasser de l'idée de Droit qu'a imposée à notre esprit une admiration étroite du monde romain. Dans le monde chinois ancien, les transformations sociales ne se traduisent pas par l'adoption de systèmes successifs de lois et de règlements. Elles se traduisent par des changements d'orientation dans l'attitude morale. Ceux-ci accompagnent les variations qui surviennent dans l'agencement général de la société, selon qu'y prédominent l'activité paysanne et la vie de village, — ou bien l'activité des féodaux installés dans des burgs qui s'élargissent au point de devenir de minuscules capitales, — ou bien celle des riches trafiquants pour lesquels s'élèvent de grandes villes. Sur les grands faits liés à ces déplacements du centre de la vie sociale, les documents ne fournissent aucune espèce de repères chronologiques. On ne sait rien de certain sur la fondation des burgs et des cités seigneuriales qui entraîna le remplacement des idéaux paysans d'équilibre rythmé et de mesure par une morale de prestige : bonne pour la vie des camps, elle se transforma, sous l'influence de la vie de cour, en un culte de la bonne tenue et de l'étiquette. On ne sait rien de précis sur le développement de l'industrie, de la richesse, du luxe, ni sur l'extension des centres urbains ; c'est par des moyens indirects qu'on entrevoit la crise aiguë qui en fut la conséquence : elle amena à accepter comme principes de discipline sociale un formalisme et un décorum d'un esprit traditionaliste et d'un symbolisme archaïsant. Pour étudier l'histoire de cette société, il n'y a qu'un moyen : c'est de tenter une sorte de restitution stratigraphique. On voit pourquoi je n'ai point procédé par études d'institutions définies et groupées à la manière occidentale (religion, droit, habitation), mais par études de milieux. Sans jamais viser à être complet, je me suis borné à présenter un choix de comportements caractéristiques.
 
Extrait de l'introduction à La civilisation chinoise
L'art chinois classique
Les « Six Arts » primitifs ne répondent pas à nos conceptions. Ce sont : les rites, la musique, le tir à l’arc, la conduite des chars, l’écriture, et le calcul, — ce qui importait en somme, à un peuple pratiquant la guerre, mais attentif aux lois de l’univers.
 
Dans cette énumération, l’art, tel que nous le définissons, fait défaut. Architecture, sculpture, peinture, tissus ornés, existent surtout, on va le voir, par rapport aux croyances rituelles ou à la hiérarchie sociale. Nous découvrirons la peinture issue de la calligraphie. C’est seulement avec les jades et les bronzes que nous atteindrons, par le détour des rites, le terrain de l’art, au sens que nous donnons au mot.
 
Objets d’art, disons-nous. Objets de culte, disait l’homme des Tcheou. Et nous voici forcés, nous, curieux d’art, de chercher cet art où ceux qui le pratiquèrent n’avaient pas décidé d’en mettre. Nous voulons voir le principal dans ce qu’ils n’admettaient qu’en accessoire. De là vient la difficulté, pour nous, de surprendre l’esprit de l’art de la Chine primitive.
 
 
Henri d'Ardenne de Tizac
L'art chinois classique
 
Le deuxième mois de l'année du mouton
Extrait du Li ki, chapitre Yue-ling :
 
1. Au deuxième mois du printemps, le soleil est dans la constellation K’ouéi (Andromède et les Poissons). La constellation Hôu (le Grand Chien et le Navire Argo) atteint le milieu de sa course le soir, et la constellation Kién (la Tête du Sagittaire) le matin.
 
2. Les dénominations qui conviennent le mieux aux jours de ce mois sont celles dans lesquelles entre la lettre "jia" ou la lettre "yi"
 
Le souverain qui préside aux opérations de la nature est T’ai hao ; le génie tutélaire est Keou mang. Les animaux propres à ce mois sont ceux qui sont couverts d’écailles. Le son correspondant est kiŏ et le tube musical kiă tchōung.
 
3. A ce mois correspondent le nombre huit, la saveur acide, l’odeur rance. On sacrifie aux génies tutélaires des portes intérieures de la maison ; on offre en premier lieu la rate des victimes.
 
4. La pluie commence à tomber, le pêcher commence à fleurir, le loriot chante, l’épervier se transforme en pigeon ramier. 
 
5. Le fils du ciel occupe (dans le Ming t’ang) le grand bâtiment appelé Ts’ing iang. Sa voiture munie de sonnettes est traînée par les dragons azurés et porte l’étendard azuré orné de dragons. Il met des vêtements verts (ou bleu d’azur) ; des pierres de prix de couleur verte ou azurée pendent (à son bonnet et à sa ceinture). Il mange du blé et de la viande de mouton. Les ustensiles dont il se sert sont travaillés au ciseau et ornés de reliefs (qui représentent les jeunes pousses sortant de terre).
 
6. En ce mois, on préserve de tout accident les bourgeons et les jeunes pousses ; on nourrit les animaux qui viennent de naître et ceux qui sont encore jeunes ; on pourvoit à l’entretien des orphelins.
 
7. (Le fils du ciel) choisit un jour favorable et ordonne au peuple de faire des offrandes aux génies tutélaires du territoire.
 
8. Il ordonne aux officiers compétents de visiter les prisons, de supprimer les entraves et les menottes, de ne pas permettre les bastonnades arbitraires, d’empêcher les accusations en matière criminelle et les procès.
 
9. En ce mois, les hirondelles reviennent. Le jour de leur arrivée, on sacrifia un bœuf, un bélier et un porc au génie tutélaire des mariages et des naissances. Le fils du ciel assiste à cette cérémonie. L’impératrice y conduit les neuf femmes du second rang et tout le sérail. Un honneur spécial est décerné (une coupe de liqueur est offerte) à celles qui ont approché l’empereur (et ont conçu). Des étuis contenant des arcs sont apportés. L’empereur donne à chacune de ses femmes un arc et des flèches en présence de la divinité qui préside aux naissances.
 
10. En ce mois arrive l’équinoxe. Le tonnerre se fait entendre, les éclairs commencent à paraître. Les animaux hibernants se mettent tous en mouvement ; dégageant l’ouverture de leurs retraites, ils commencent à sortir.
 
11. Trois jours avant les premiers grondements du tonnerre (le troisième jour après l’équinoxe du printemps), le héraut agite la clochette à battant de bois pour avertir tout le peuple, et dit :
 
— Bientôt le tonnerre se fera entendre. S’il est (des femmes) qui ne veillent pas sur leur tenue et leur conduite, elles mettront au monde des enfants dont les membres ne seront pas complets, et elles attireront certainement de grands malheurs.
 
12. A l’équinoxe, on égalise les mesures de longueur, les mesures de capacité, les poids de trente livres, les leviers des balances, les poids de cent vingt livres. On compare (et on égalise) les boisseaux et les mesures de dix boisseaux. On rectifie les pesons des balances et les racloires des mesureurs.
 
13. En ce mois, les laboureurs demeurent rarement à la maison. On répare les portes de bois et les portes d’osier ; on arrange parfaitement les chambres à coucher et les salles des ancêtres (ou bien, les salles des ancêtres et les chambres situées derrière). Mais on ne commence aucune grande entreprise qui pourrait (prendre le temps et) empêcher les travaux des laboureurs.
 
14. En ce mois il est défendu de mettre à sec les cours d’eau ou les lacs, de faire écouler l’eau des réservoirs et des bassins (pour prendre le poisson). Il n’est pas permis de mettre le feu sur les montagnes ni dans les forêts (pour prendre le gibier).
 
15. Le fils du ciel, après avoir immolé un agneau (au dieu du froid), fait ouvrir la glacière. Il commence par offrir (un peu de glace avec des poireaux et des œufs au dieu du froid) dans les salles des ancêtres ou dans les chambres qui sont derrière ces salles.
 
16. Au premier des jours dont la dénomination renferme la lettre tīng, le grand directeur de la musique, sur l’ordre de l’empereur, exerce ses élèves à faire des évolutions en chantant, après qu’il a offert des légumes (du cresson et des algues au dieu de la musique). Le fils du ciel, à la tête des trois principaux ministres d’État, des neuf autres ministres, de tous les princes feudataires (qui se trouvent alors à la cour) et de tous les grands préfets, va en personne assister à ces exercices. Le deuxième des jours désignés par la lettre tīng, le grand directeur de la musique, sur un nouvel ordre, va à l’école enseigner la musique.
 
17. En ce mois, lorsqu’on fait des supplications, on n’immole pas de victimes. On offre des tablettes de jade, les unes oblongues, les autres de forme annulaire ; les victimes sont remplacées par des fourrures et des pièces de soie.
 
18. Au deuxième mois du printemps, si l’on faisait observer les règlements propres à l’automne, les inondations désoleraient les principautés, les vents froids prédomineraient, les brigands en armes envahiraient le pays. Si l’on faisait suivre les règlements propres à l’hiver, la chaleur ne triompherait pas du froid, le blé ne mûrirait pas, (les affamés et par suite) les voleurs seraient nombreux. Si l’on imposait les règlements propres à l’été, la sécheresse serait grande dans les principautés, les chaleurs arriveraient tôt, les insectes rongeraient le cœur des céréales
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