L'appli StopCovid arrive trop tard pour prouver son utilité
C’est ce que titre Le Figaro, qui s’interroge : « Fiasco total ou outil indispensable pour faire face à une éventuelle deuxième vague ? Mardi matin, le secrétaire d’État au Numérique a voulu saluer «une solution souveraine qui restera après StopCovid». Pour l’occasion, Cédric O s’est entouré des acteurs publics qui ont planché sur l’application française de traçage de contacts pour tirer un premier bilan ».
« Trois semaines après son lancement, Stop­Covid est utilisé par 1,5 million de personnes - en tenant compte des 460.000 qui l’ont déjà désinstallée. C’est peu, au regard des 10 millions d’Allemands qui ont téléchargé la leur, disponible seulement depuis une semaine »,observe Le Figaro.
Le quotidien précise qu’« en France, 68 personnes se sont déclarées malades du Covid-19. Elles cumulent 223 contacts, parmi lesquels 14 ont reçu un message les incitant à consulter un médecin. Là encore, c’est peu. Et le gouvernement dispose d’encore moins d’explications sur ces chiffres «étonnants» de l’aveu même de Cédric O ».
Un collaborateur rappelle : « Nous avons conçu une application qui respecte la vie privée des utilisateurs. Nous n’avons aucun accès aux données ».
Le Figaro note que « quelques explications sont néanmoins avancées. Ainsi, certains malades auraient téléchargé l’application après avoir été diagnostiqués. De ce fait, ils ont eu très peu de contacts. Or, l’intérêt de cette application est de pouvoir prévenir ses utilisateurs ayant croisé des porteurs asymptomatiques ».
Vittoria Colizza, directrice de recherche à l’Inserm, remarque pour sa part que « les premiers modèles ont montré l’efficacité de ces outils, […] le moment est idéal pour tester une telle application ».
Le journal relève que « la question du calendrier se pose, alors que l’application semble être arrivée trop tard. Les Français ont recommencé à circuler et l’épidémie recule. Avec moins de malades, une application de traçage perd logiquement de son intérêt. De plus, elle n’est pas interopérable avec d’autres applications européennes. Mais aucune ne l’est ».
« Dans un tel contexte, la question de son utilité se pose. Elle est vite balayée par les chercheurs, soucieux de souligner qu’il est important de disposer d’une telle solution, au cas où… », indique le quotidien.
Ainsi Simon Cauchemez, chercheur en épidémiologie à l’Institut Pasteur, rappelle qu’« il y a toujours un risque de reprise de l’épidémie », notant que « l’application serait notamment utile pour «éviter un nouveau confinement» ».
Maurice-Pierre Planel, directeur général adjoint de la direction générale de la santé, souligne quant à lui que « l’épidémie circule toujours en métropole et elle est forte en Guyane. Il ne faut négliger aucune piste dans la protection de la population. Les outils numériques en font partie ».
Le Figaro observe ainsi que la Guyane « se transforme […] en terre d’expérimentation pour StopCovid. Le gouvernement y mène une politique particulière. La semaine dernière, quelque 20.000 personnes ont reçu un SMS envoyé par leur opérateur télécoms et les incitants à télécharger l’application. Opération effectuée «pro bono» a insisté Cédric O, aux prises avec une polémique sur le coût de StopCovid ».
Le Parisien titre quant à lui : « Le fiasco de l’appli StopCovid ».
Le journal retient que « les chiffres sont […] cruels. Depuis son lancement le 2 juin, l’application a été téléchargée par seulement 1,8 million de Français, à peine plus de 2,5% de la population, très loin des 20% préconisés pour qu’elle commence à être efficace ».
« D’autant que ce volume de téléchargement ne correspond pas à la réalité d’utilisation. Il faut en effet penser à lancer l’appli après avoir rallumé son téléphone pour qu’elle puisse fonctionner, ce que nombre d’utilisateurs oublient. Plus embêtant, pas moins de 460.000 personnes ont désinstallé l’application, dont 190.000 la semaine dernière », remarque le quotidien.
Le secrétaire d’Etat au Numérique, Cédric O, déclare que « cela s’explique par la baisse de l’inquiétude liée au risque d’être contaminé ».
Le Parisien note qu’« un dernier chiffre enfonce le clou. Alors que 68 personnes se sont déclarées positives sur l’appli, déclenchant un potentiel de 205 contacts à prévenir, seulement 14 personnes ont, au final, été averties ».
Le journal rappelle en outre que « la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) doit […] lancer une enquête prochainement. Cette fois pour faire la lumière sur la manière dont l’application repère et stocke les contacts croisés par l’utilisateur. […] Mais la question de son utilité, alors que la prévalence de l’épidémie est de moins en moins forte, reste entière ».
Maurice-Pierre Planel, directeur général adjoint de la Santé, remarque : « Nous avons besoin de cet outil sanitaire qui sera très utile en cas de deuxième vague à laquelle nous nous préparons pour l’automne ».
De son côté, Les Echos constate aussi qu’« après 3 semaines, StopCovid peine toujours à prouver son efficacité », et fait savoir que « Cédric O compte sur une nouvelle version, disponible jeudi, pour dissiper les critiques ».
Le journal explique que « pour le ministre, StopCovid reste utile, surtout dans la perspective d'une deuxième vague. Tout l'enjeu désormais va être d'obtenir plus de téléchargements, en communiquant davantage dans les «clusters» comme la Guyane. Les médecins pourraient également faciliter le téléchargement en fournissant un code QR à leurs patients atteints du virus. Un scénario qui avait déjà été proposé par Orange, selon nos informations, mais qui n'avait pas été retenu étant jugé trop sensible politiquement ».

 
Retour
Lettre d'infos
Tong-ren-editions
Inscrivez votre e-mail pour recevoir nos dernières nouvelles !
Nous contacter :